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Prise de parole au plénum au sujet de l'initiative en faveur de l'interdiction d’importer des produits en fourrure

  • Photo du rédacteur: devargasamuel
    devargasamuel
  • 26 sept.
  • 3 min de lecture

Madame la Présidente,

Chères et chers collègues,

Qui d’entre nous n’a pas grandi avec l’histoire des 101 Dalmatiens ? Dans ce récit, Cruella d’Enfer personnifie la cruauté, obsédée par l’idée de transformer des chiots innocents en manteaux de fourrure. Ce qui nous paraissait caricatural, monstrueux même, est encore aujourd’hui une réalité bien concrète : des animaux élevés et abattus dans des conditions inacceptables, uniquement pour satisfaire des désirs de luxe. C’est précisément cette contradiction que met en lumière l’initiative « Oui à l’interdiction d’importer des produits en fourrure provenant d’animaux ayant subi de mauvais traitements ». En Suisse, nous interdisons certaines pratiques cruelles envers les animaux - comme les cages à fond grillagé ou les pièges sous-marins - mais nous continuons à tolérer que des produits issus de ces méthodes franchissent nos frontières et se retrouvent dans nos magasins. Cette incohérence n’est pas acceptable.

La Suisse s’est dotée de normes élevées en matière de protection animale. Les consommatrices et consommateurs s’attendent légitimement à ce que ces normes soient respectées non seulement dans nos fermes et nos forêts, mais aussi dans les biens que nous importons. Dire non à l’importation de fourrures issues de la cruauté, c’est être cohérent avec nos propres lois et avec notre conscience collective. Les souffrances infligées dans l’industrie de la fourrure sont largement documentées : animaux piégés agonisant plusieurs minutes, renards tournant en rond dans des cages minuscules, visons noyés dans des pièges sous-marins. Refuser ces importations, c’est affirmer que la cruauté ne peut pas être externalisée, ni tolérée au nom du commerce international.

Comme le disait Gandhi : « On reconnaît le degré de civilisation d’un peuple à la manière dont il traite les animaux. » Le contre-projet du Conseil fédéral répond aux objectifs de l’initiative et va même plus loin, en interdisant non seulement l’importation mais aussi le commerce de fourrures issues de la cruauté. Il crée un système de certification robuste, piloté par l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, et non par l’industrie de la fourrure elle-même. À cet égard, il est crucial de rappeler que la proposition de la majorité de la commission - qui veut confier le contrôle à un système de certification « reconnu au niveau international », autrement dit au label Furmark - viderait le projet de sa substance. Furmark, c’est l’autorégulation de l’industrie par elle-même. Autant dire : un faux-semblant.

Les minorités déposées en commission - que ce soit celle de notre collègue Baumann sur la définition des méthodes cruelles, ou celle de notre collègue Rosenwasser pour inclure les pièges à percussion - vont dans le bon sens. Elles traduisent une volonté claire : fermer toutes les échappatoires qui permettraient à des pratiques indignes de persister. Chères et chers collègues, il ne s’agit pas ici d’un débat marginal ou anecdotique.Il s’agit de savoir si nous voulons assumer nos valeurs ou fermer les yeux, si nous voulons vraiment protéger les animaux ou cautionner leur torture, et si nous voulons que nos consommatrices et consommateurs achètent des produits propres… ou des fourrures trempées de sang et de souffrance.

En résumé, l’initiative est légitime dans son objectif mais fragile juridiquement. Le contre-projet indirect est une solution plus robuste et plus ambitieuse. Il répond à une attente citoyenne claire, protège la dignité animale, renforce la justice économique et place la Suisse en cohérence avec ses valeurs éthiques. Je vous invite donc à soutenir le contre-projet du Conseil fédéral, à rejeter les tentatives de dilution, et à voter les minorités qui permettent de le renforcer. Parce qu’une société qui se respecte, c’est une société qui refuse de fermer les yeux sur la cruauté.

Je vous remercie pour votre soutien et attention. 


 
 
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