Discours du 1er août 2022

C’est avec un immense plaisir que je vous apporte le cordial et patriotique salut de la Municipalité d’Yverdon-les-Bains.

C’est un honneur pour moi, élue l’an dernier à la Municipalité, de présider cette cérémonie du 1er août. Et de vous accueillir sur cette belle place - reconnue - symbole des principes éducatifs progressistes ancrés par M. Pestalozzi, qui garde un œil sur nous, depuis son estrade juste derrière vous. 

Je vous accueille avec fierté et émotion. Car ce 1er août 2022 est une journée de « l’italianità », concept cher au Président de la Confédération Ignazio Cassis, qui passera brièvement cet après-midi en gare d’Yverdon, accompagné de jeunes de tout le pays. 

Comme M. Cassis, notre invité du jour vient du Tessin, Monsieur Marco Chiesa, conseiller aux Etats. 

Benvenuto Signore Chiesa, siamo felici di accoglierla à Yverdon-les-Bains, la nostra bella città. Spero che la nostra accoglienza sarà all’altezza delle sue aspettative.  

C’est un joli symbole que le toast à la patrie soit donné dans une ville romande par un élu tessinois. Ce qui permet de renforcer nos liens, entre Confédérés. 

Par ailleurs, moi-même née dans la cité thermale et d’origine italienne, comme beaucoup d’Yverdonnoises et d’Yverdonnois, je suis une représentante de l’italianità. 

Et l’italianità, c’est quoi au juste ? et vous allez inévitablement penser aux paroles de la chanson de Tutto Cutugno lorsqu’il dit « lasciatemi cantare, con la guitarra in mano, lasciatemi cantare, sono un italiano… », ou lorsque vous entendez parler de « Spaghetti al dente », de caffè, de pizza, de la mamma, la nonna, le vacanze in Italia al mare e, anche il zecchino d’oro (pour ceux qui ont connu). Bref, toute une série de symboles issus de cette culture de l’italianità qui a été accueillie, s’est développée et s’est intégrée, de générations en générations, ici même à Yverdon-les-Bains, où par ailleurs mes parents se sont rencontrés.

L’italianità à Yverdon, c’est important. 

Pas uniquement pour la Dolce Vita et pour ce côté romantique, mais surtout parce que l’histoire d’Yverdon a été en partie marquée par les Romains. 

Ils ont en effet laissé des traces importantes dans notre cité qui s’appelait alors Eburodunum. La ville a d’ailleurs la chance de compter parmi ces nombreux clubs, le club de volley du VBC Eburodunum, que je salue au passage. 

Il n’est pas étonnant que les Romains se soient établis ici. Nous sommes proches des voies de communication qui en tout temps ont permis aux femmes et aux hommes de se déplacer du Sud au Nord de l’Europe, et nous sommes aussi au carrefour des voies lacustres, favorables au trafic des marchandises. Comme quoi, déjà à cette époque-là, la mobilité était un enjeu crucial pour le développement des villes. Mais nous ne sommes pas pour débattre de la mobilité, forte heureusement ☺.

Tout ça pour dire que ce réseau de transport historique a permis à la Suisse, à Yverdon-les-Bains, d’avoir une position géographique si stratégique qu’au 13ième siècle, le Comte de Savoie, Pierre II (il est où Pierre d’ailleurs ?), décide de faire construire le Château que nous pouvons contempler (et où l’on peut voir une barque romaine, très bien conservée). Comme on le sait, les Savoie sont devenus quelques siècles plus tard une dynastie royale, qui a joué un rôle majeur dans l’unification de l’Italie. 

Les liens entre nos deux pays sont historiques, forts et intrinsèques à nos deux cultures au point où l’adhésion à la Suisse est un fantasme récurrent de plusieurs régions italiennes (selon les médias de 2019) : en effet, l’association Canton maritime milite depuis 2014 pour rattacher la deuxième plus grande île de la Méditerranée (qui n’est autre que la Sardaigne^^) à la Confédération. Un avantage certain de pouvoir skier et se baigner dans les plus belles montagnes et aux eaux du monde ! ☺ 

Plus sérieusement, au 20ième siècle, le pôle industriel d’Yverdon a attiré une importante main d’œuvre immigrée d’Italie et d’ailleurs. C’est ainsi que cette ville a gardé les souvenirs de toutes ces époques, et de liens forts avec l’italianità :

• Le castrum des Romains a donné son nom à un festival d’arts de rue (prévu du 11-14 août 2022) ;

• Fortunato De Felice, un napolitain encyclopédiste qui avait créé un établissement d’imprimerie à Yverdon, est le nom d’un de nos établissements scolaires.

• Nous avons inauguré, le 7 mai dernier, le chemin de Collesano, dans le parc des Rives, en hommage à un village sicilien dont est issue une forte communauté d’immigrés venus travailler dans les usines de l’entreprise Hermes.  

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Nous célébrons aujourd’hui le premier pacte entre Confédérés. 

Il s’agit d’une alliance défensive entre communautés de Suisse centrale (Uri, Schwytz et Nidwald, en 1291) – mais, 731 ans plus tard, que nous dit ce pacte ? A travers cette date du 1er aout 1291, j’y vois des valeurs de solidarité, de respect mutuel et de défense de la paix. C’est en cela que le pacte nous inspire encore aujourd’hui. 

Ce 1r aout c’est l’occasion de célébrer notre patrie, qui est un mélange de religions, de cultures et de langues différentes. Malgré les désaccords, le débat et la recherche du consensus sont toujours de mises (un peu plus compliqué quand on parle de mobilité ☺), permettant à toutes les minorités de s’exprimer. Cet exercice de tolérance à la différence nous est offert chaque dimanche de votations par notre démocratie directe dont nous sommes si fiers. Une chance unique dans le monde que nous ne devons pas prendre à la légère. Ne pas voter en Suisse, c’est comme ne pas manger le plat de la nonna (même si c’est plus difficile la seconde que la première) : premièrement c’est inutile, puisque vous allez devoir subir le vote des autres (votre grand-mère va quand meme vous obliger à le manger, tôt ou tard), et irrespectueux (du travail fait pour argumenter démocratiquement), en respect de la démocratie directe. 

Nous sommes fiers de notre patrie, qui a su trouvé les bons outils, les bonnes institutions, pour faire tenir toute cette diversité ensemble, pacifiquement. 

Se respecter malgré ces différences ou ces divergences, c’est tout un art. Et comment ne pas penser au peuple Ukrainien, qui subit de plein fouet les effets du non-respect de l’Etat de droit. 

En cette journée d’alliance, la Municipalité, et les Suissesses et suisses, transmettent tout leur soutien aux familles, amis et proches Ukrainiens, ainsi qu’à toutes les victimes de cette guerre. 

Je vous propose dès lors, Mesdames et Messieurs, une minute de silence en hommage aux victimes. 

Merci. 

Pour conclure,

A l’image d’une goutte d’eau – 

qui d’ailleurs nous fait cruellement défaut – 

en tombant dans une gouille ou un lac, 

creuse un fossé et crée des séries d’ondes sur la surface, qui se croisent et génèrent des interférences. 

Constatons qu’avec ce petit exemple, qu’une simple molécule d’eau influence l’ensemble de son environnement. Et pour citer l’auteur d’un livre (et plus tard d’un film connu) « Il y a du bon en ce monde, …., même la plus petite personne peut changer le cours de l’avenir » (J. R. R. Tolkien).

Les actions d’une seule personne ou d’une ville ont des impacts sur toutes les autres. 

Alors autant tisser des liens entre nous, chères et chers citoyennes et citoyens d’Yverdon-les-bains ! mais aussi s’associer avec d’autres villes, afin que les valeurs de solidarité, de défense des différences et de respect du milieu naturel puissent être préservés pour toujours et qu’elles puissent être accessibles à toutes et tous ! 

En ce jour « frabieux » pour ceux qui connaissent les comptes de Lewis Carroll, je vais céder le micro à la fanfare de l’Avenir qui vont nous jouer une belle symphonie et nous faire partager le bonheur de les écouter jouer. 

Merci à toutes et tous pour votre présence et votre attention. C’est au tour de notre chère fanfare